lundi 28 septembre 2015

Gouverneurs de la rosée

Auteur: Jacques Roumain
Édition: Mémoire d'encrier
Pages: 202 p.

RÉSUMÉ
C'est l'histoire de Fonds-Rouge, un village haïtien asséché qui, résigné devant sa mort prochaine, apprivoisera l'espoir et renaîtra avec le retour de Manuel, exilé à Cuba pour le travail. Manuel s'investira dans la recherche d'une nouvelle source d'eau pour redonner la prospérité passée à son village, depuis lors décimé par la discorde et la haine. Grâce à l'apprentissage d'une nouvelle technique d'irrigation, il luttera corps et âme pour ramener les bêtes, les récoltes, et l'amour.
Classique de la littérature haïtienne, ce roman traite de thèmes lui permettant d'être un classique universel, symbole d'identité, d'espoir, de sacrifice, de renaissance, de vie et d'amour.
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Il est parfois difficile de trouver les bons mots pour décrire un livre que l'on admire. Les nôtres nous semblent vagues, tandis que ceux du roman brillent. C'est eux que j'aurais envie d'utiliser ici. Je pourrais citer Gouverneurs de la rosée jusqu'au bas de la page et ça lui ferait justice pour qu'avec mes mots. Vous pourriez carrément lire l'histoire vous-même et comprendre la douceur, la souffrance et l'amour dont j'essaierai de vous parler.
Vous pourriez rencontrer les familles opposées du village, voir naître l'histoire d'amour des jeunes de chaque famille, à la Roméo et Juliette, mais pas tout à fait. Vous observeriez des dynamiques familiales en reconnaissant des vérités que les cultures ne changent pas. Vous vous imprégneriez des descriptions fluides et vivantes de la nature, de celles des courbes d'Annaïse-pleine-de-vigueur et du rituel religieux autour du feu. Vous entreriez dans un monde nouveau, là où les maisons s'appellent des cases et où le créole et l'espagnol remplacent le Français occidental. Et pourtant, vous vous sentiriez vite chez vous. Moi, j'y ai senti le Québec. 
Vous verriez en Manuel un messie. Jésus, qui arrive avec la solution et se sacrifie pour qu'on la comprenne, qu'on la veuille et qu'on l'accepte. Vous constateriez aisément la présence d'une symbolique dans les prénoms des personnages, et cela vous ferait plaisir. Ces noms vous guident dans le récit. Délira, la mère qui souffre l'absence de son fils. Manuel, symbolisant la présence de Dieu en nous. Annaïse, la grâce, etc. Éventuellement, vous commenceriez à faire des liens et apercevriez la toile de fond du roman. C'est là que vous vous mettriez à gémir sur les pages qui tournent, progressant immanquablement vers le dénouement que vous savez malheureux. Vous ne voudriez pas y croire; le reste est si beau. L'intensité de la vie n'est pas présente malgré la misère du village: elle la transcende. Et encore là vous sauriez que vous avez tort, car vous l'auriez compris, une fin malheureuse serait une fin sans espoir, et la fin ne le sera pas. Au contraire. Elle n'est simplement pas illusoire.

En bref, Gouverneurs de la rosée restera toujours toujours ce livre qui m'aura fait découvrir que les mots peuvent s'agencer de manière à me donner un sentiment de bien-être, à me faire sentir la beauté, la douceur et la passion de la vie tout à la fois. Ce n'est pas un coup de coeur. C'est plutôt un livre qui, pas à pas, sans se faire remarquer, prit sa place dans mon coeur, l'habitant en entier. Ce n'est que le roman bien entamé que je me suis rendue compte de l'emprise qu'il avait sur moi. 







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